Que reste-t-il de leurs atours ? Marbres envolés, cheminées éventrées, tentures arrachées… Devant l’objectif de Romain Thiery, ces grandes maisons ont perdu de leur superbe. Pourtant, tapis dans l’ombre, d’étonnants monstres de bois et de fonte à la peau laquée y affichent leur sourire édenté aux reflets d’ivoire. Seuls témoins du lustre passé, ces pianos sont l’âme des lieux, objets trop lourds pour être déplacés, que traque sans relâche le photographe « même au milieu d’un espace dégradé, le piano ne cesse de conserver sa puissance. Il est là, il trône de toute sa noblesse. » La réalisation de cette série ne doit rien au hasard. Elle offre à Romain Thiery le privilège de conjuguer ses deux passions, l’image et la musique. Pianiste amateur comblé par Chopin, Bach, Beethoven ou Satie, il observe aussi sa mère, photographe, explorer le patrimoine du Périgord.